Une technologie et un parti-pris joaillier uniques
Filles en Or, La Brune et la Blonde, Persée… ces marques de bijouterie joaillerie ont un point commun qu’elles sont encore très peu à partager : elles osent percer le diamant ! La gemme des gemmes, la plus dure et la plus précieuse des pierres… pour un résultat sublime, comme une évidence. Plus qu’une tendance bijou, le perçage est une manière à part entière, aérienne et minimaliste, d’exposer un diamant. Accessible à la lumière de tous côtés, affranchi de toutes griffes métalliques aussi raffinées soient-elles il peut ainsi exposer toutes ses facettes et sa brillance. L’utilisation en bijouterie du diamant percé permet d’apprécier aussi son dessous – la culasse – habituellement caché dans le serti alors que cette partie pointue du diamant participe grandement à la diffusion et à la réfraction de la lumière.
En effet, la taille “brillant” du diamant, aux proportions idéales, conçue pour en maximiser l’éclat selon ses propriétés optiques, dispose ses 57 facettes dans des angles idéaux pour maximiser la diffusion, la réfraction et la réflexion de la lumière. En pénétrant un diamant taille brillant, les rayons de lumière blanche rebondissent d’une facette à l’autre à l’infini et se dispersent en révélant l’arc-en-ciel des couleurs du spectre visible. Lorsqu’il est entièrement accessible à la lumière, un diamant nu ou percé peut ainsi renvoyer la lumière à 360°. Il suffit de voir la petite touche de lumière qui se fait sur la peau!
Comment les diamants sont-ils percés ?
La technologie utilisée est celle du laser à rubis. Créé en 1960, c’est un laser qui utilise un rubis synthétique comme amplificateur et produit une intense lumière pulsée – de courtes pulsations de l’ordre de la milliseconde, très énergétiques – et ciblée dans le spectre visible à 694,3 nm, ce qui correspond à un rouge profond. Le laser rubis a été utilisé la première fois pour percer un diamant en 1965, ce qui reste depuis sa principale utilisation, les laser YAG et à argon ayant supplanté le rubis (car moins onéreux et plus efficaces) pour les autres utilisations industrielles et médicales.
Ce perçage vertical des diamants est effectué selon un plan calculé en 3D, parfaitement perpendiculaire à la table, au travers de la couronne et la culasse. C’est un procédé calibré et de très haute précision réalisé dans l’unique but de suspendre le diamant à un bijou.
Et qu’il ne faut pas le confondre avec le perçage correctif, réalisé au laser également mais servant à retirer une inclusion sombre ou gênante dans la masse d’un diamant, qui est un perçage ultra fin (diamètre 20 microns) indétectable à l’œil nu qui corrige visuellement un diamant imparfait mais en fait baisser la valeur.
Quelles créations en diamants percés ?
Ainsi percés les diamants se prêtent à plusieurs présentations possibles, seuls ou à plusieurs. Accrochés par un anneau à une fine chaîne, suspendus au cœur d’une forme métallique ou tenus par de solides fils de soie… Les utilisations sont forcément souvent minimalistes et très raffinées, pour laisser la part belle au diamant, cœur de l’attention du bijou final. Et dans cet exercice savant et délicat, quelques maisons françaises de talent ont fait du diamant percé leur parti-pris de marque.
La première marque à proposer des diamants percés et à en faire une signature en France est La Brune et la Blonde, dès 2011, mettant en avant une nouvelle façon de porter les diamants nus, à même la peau, et participant ainsi à démocratiser ce qui aurait été vu il y a quelques années comme un “sacrilège”. Un choix de sa fondatrice, Véronique Tournet (la Brune!), qui raconte volontiers comme elle aime ainsi voir les diamants frissonner, trembler, bouger, comme à l’ouverture l’ouverture d’un pli à pierres de diamantaire. La Brune et la Blonde décline désormais ce concept sur d’autres gemmes colorées comme le rubis, le saphir ou la tsavorite.
Si on parle de diamant percé, il faut aussi mentionner Nawal Laoui et sa marque Persée fondée en 2017, qui, pour symboliser l’éternité et l’intemporalité de ses bijoux en diamant percé, aime invoquer la mythologie et parler d’”une pierre lévitant délicatement sur la peau qu’elle effleure, comme la pluie d’or qui s’abattit sur Danaé pour faire naître le roi Persée”. Le perçage, chez Persée, est étendu à d’autres tailles de diamants et d’autres pierres précieuses, avec toujours la légèreté comme signe distinctif.
Le diamant percé fait des émules et en 2018 Redline s’essaie à son tour à l’exercice et associe le diamant percé à son célèbre fil rouge pour une collection justement appelée Liberty.
Dernière née à l’offre déjà riche, Filles en Or, fondée en 2019 par Claire Boulmer et Nicolas Lemasson, fait également du diamant percé sa spécialité, en association à l’or rose et l’or gris, dans des créations intemporelles dont les noms, Allure, Princesse… rappellent l’éternel féminin célébré par la marque. Pendentifs solitaires, bracelets, puces et boucles d’oreilles pendantes sont proposés par Filles en Or dans différentes tailles de diamants avec de premiers prix accessibles, pour faire découvrir le diamant percé à un large public. Chez Gemme-Fashion on a même eu le coup de cœur pour le collier Portrait avec son diamant percé suspendu dans une petite fenêtre dans la partie gauche d’un cœur d’or… tout un poème !
Le diamant percé, par sa simplicité et sa beauté, s’affirme comme une tendance sûre et prometteuse sur les présentoirs des bijoutiers joailliers internationaux. Une tendance à suivre, d’ores-et-déjà mise en valeur par de belles marques parisiennes qui en assurent avec raffinement toute la qualité qu’on peut attendre du savoir-faire français.
Hélène Marois